Des CRS se sont-ils comportés comme des casseurs à Strasbourg? "C'était sans doute sous l'effet du stress"Et les forces de l'ordre y sont au cœur, depuis les incidents survenus le week-end dernier à Strasbourg en marge du sommet de l'Otan.
La police est-elle arrivée trop tard dans le quartier du Port-du-Rhin? L'hôtel Ibis a-t-il été incendié car c'est là qu'un policier s'était fait voler des documents sur le dispositif de sécurité? Ces documents ont-ils réellement été volés? Et des armes aussi?
"Depuis ce week-end, ça n'arrête pas. C'est rumeur sur rumeur. On ne sait plus ce qui est vrai ou faux" nous dit un membre du syndicat Unsa police.
C'était sans compter sur une vidéo postée sur Dailymotion par plusieurs manifestants anti-Otan.
Une vidéo postée par Valjean sur Le Post dès dimanche 23h.
Sur laquelle on voit 3 CRS jeter des projectiles sur des manifestants, en contrebas d'une voie ferrée.
Contactés par Le Post lundi au sujet de ces images dont ils n'avaient "pas connaissance", les syndicats de police Alliance et Unsa police nous répondaient:
Alliance: "Les CRS n'ont pas vocation à jeter des pierres."
Unsa: "C'est plutôt les CRS qui prennent des caillous, non?"
Recontactés ce mercredi à ce sujet, ils réagissent à nouveau sur Le Post:
Qu'avez-vous vu sur cette vidéo?
Alliance: "On y voit clairement des forces de l'ordre lever leurs boucliers et recevoir des projectiles. On ne voit pas les projectiles qu'ils recoivent, car la qualité de l'image n'est pas bonne. Certains CRS jettent quelque chose qu'ils ramassent au sol: un caillou, un morceau de bois, mais on ne voit pas quoi. Ce sont des CRS, ils sont en tenue de maintien de l'ordre."
Unsa: "Des agents des forces de l'ordre, sur un terre-plein, à proximité de poteaux électriques. Ce sont des CRS ou des gendarmes mobiles -on ne voit pas clairement les deux liserets jaunes permettant d'affirmer qu'il s'agit bien de CRS-, qui, en effet, jettent des projectiles: caillous? grenades lacrymogènes? Vu la qualité de l'image, c'est difficile à dire. C'est peut-être une grenade lacrymogène à main."
Qu'en pensez-vous?
Alliance: "Je comprends que ces images puissent choquer. Mais, au regard de la gestion policière de ce sommet de l'Otan, c'est un épiphénomène. Ce n'est toutefois pas une logique acceptable. Mais, sur une vingtaine de CRS, seuls 2-3 sont concernés. Et nous devons prendre en compte le contexte de tension de ce jour-là."
Unsa: "Soyons prudents, et ne tirons pas de conclusions trop hâtives. Dès que nous avons eu connaissance de ces images, nous avons demandé une enquête de commandement, pour connaitre leur contexte, ce qu'il s'est passé avant et après."
Comment expliquer ces gestes des forces de l'ordre?
Alliance: "Assez simplement finalement. D'après les premiers éléments de l'enquête, il semble bien que ces collègues aient manqué de grenades lacrymogènes et qu'ils n'avaient plus de quoi se défendre face à des jets de projectiles des manifestants. Sans doute sous l'effet du stress, de la tension ce jour-là, ils auraient machinalement et naturellement ramassé ce qui leur passait sous la main, probablement des cailloux ou autres projectiles. Car ils en recevaient. Et les auraient jeté, pour se défendre."
Unsa: "C'est difficile de se prononcer sans avoir connaissance de tout le contexte de ces images."
Pourquoi auraient-ils manqué de grenades lacrymogènes?
Alliance: "Dans ce genre de situation, chaque policier a un certain nombre de projectiles de défense, 5 ou 6 petites grenades lacrymogènes par exemple. Ils sont à pied, et les ont à la ceinture. Maintenant, la situation ce jour-là était particulièrement difficile."
Unsa: "Je préfère ne pas me prononcer."
S'il est avéré que ces agents ont effectivement jeté des projectiles, que se passera-t-il pour eux?
Alliance: "S'il est prouvé que ces CRS ont jeté des projectiles autres que ceux qu'ils sont autorisés à utiliser -en l'occurrence des grenades lacrymogènes-, ils seront bien évidemment sanctionnés."
Unsa: "On ne doit pas manquer de transparence. Nous voulons avoir le fin mot sur ces images, comme sur les autres éléments qui font débat autour de ce sommet. Si l'enquête démontre que ces agents des forces de l'ordre ont jeté autre chose que des grenades, ils seront sanctionnés, administrativement, et au tribunal. Un policier ou un gendarme n'est ni au-dessus, ni en-dessous des lois."