
Daniel Flynn et Michele Kambas
La Grèce a connu mercredi une nouvelle journée de violents affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre tandis que le pays s'enfonçait dans le crise politique et fonctionnait au ralenti à cause d'une grève nationale.
Les émeutiers, armés de pierres, de bouteilles et de bâtons, se sont heurtés aux forces de police déployées devant le parlement. Celles-ci ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène.
A l'appel de deux des principaux syndicats du pays, des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour manifester devant le parlement. Le défilé, à l'origine prévu pour protester contre la politique économique et sociale du Premier ministre Costas Caramanlis, a vite dégénéré en affrontements violents.
En raison de la grève, le trafic aérien intérieur a été interrompu, les banques et les écoles sont restées fermées et les hôpitaux fonctionnaient en service restreint. De nombreux Grecs ont été obligés de se rendre à leur travail à pied.
"La participation à la grève est totale, le pays est à l'arrêt", a déclaré Stathis Anestis, porte-parole de la GSEE, fédération syndicale du secteur privé.La GSEE a été rejointe dans son action par l'ADEDY, qui représente environ la moitié des cinq millions d'employés du secteur public et s'était déjà mobilisée contre les privatisations, la réforme des retraites et la hausse du coût de la vie.
Les syndicats affirment que les réformes ont aggravé la situation sociale dans le pays et que près d'un cinquième de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.
"Il y a une demande pour un changement social, économique et politique", a expliqué un manifestant de 25 ans, contraint d'avoir deux emplois pour vivre. "Il n'est pas rare ici d'avoir deux boulots pour simplement gagner 800 ou 1.000 euros par mois."
BRUTALITÉ DE LA POLICE
L'opposition socialiste estime que le parti de la Nouvelle démocratie, qui dispose d'un siège de majorité au parlement, ne jouit plus de la confiance de la population et elle demande la convocation d'élections anticipées.
"Le gouvernement et la police sont au bord du gouffre", titre le quotidien Ta Nea en première page.
Costas Caramanlis, arrivé au pouvoir dans l'euphorie des Jeux olympiques de 2004, a appelé les dirigeants politiques à l'unité et a demandé aux syndicats d'annuler les manifestations prévues mercredi.
"Lui (Caramanlis) et son gouvernement sont responsables de la crise qui se répand dans le pays et que doit affronter la société grecque", lui a indirectement répondu George Papakonstantinou, porte-parole du Parti socialiste (Pasok).
Cette situation politique et sociale explosive a dégénéré en émeutes lorsqu'un adolescent de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, a été tué par un policier samedi soir.
"La mort de ce gamin a été l'allumette qui a mis le feu aux poudres", résume un épicier athénien. "Aujourd'hui, nous avons encore plus peur, à cause de la grève."
De nombreuses boutiques du centre de la capitale sont restées fermées mercredi et avaient protégé leur devanture pour prévenir de nouveaux dégâts.
Dressant un bilan provisoire des violences, les plus graves depuis la fin du régime militaire en 1974, les autorités municipales d'Athènes ont annoncé que 322 banques et commerces ont été endommagés. Les dégâts sont estimés à plus de 20 millions d'euros, selon un assureur.
Un policier a été inculpé de meurtre après la mort de Grigoropoulos, mais il a affirmé avoir seulement voulu tirer un coup de semonce. Le rapport des services de la balistique doit être rendu public mercredi et le policier doit être entendu par les enquêteurs, avec son collègue inculpé de complicité.
Dans un rapport, Amnesty International a estimé mardi que la police grecque faisait preuve de brutalités dans la manière de gérer les émeutes.
Version française Pierre Sérisier
prenons exemple en Sarkosie.....mais bon faut pas rever
