Les diplomates de plusieurs dizaines de pays réunis à Oslo ont signé mercredi le traité interdisant l'usage des bombes à sous-munitions (BASM) et prévoyant la destruction d'ici huit ans de ces armes très dangereuses pour les civils. Mais les principaux fabricants de BASM comme les Etats-Unis, la Russie et la Chine, n'ont pas participé aux négociations sur ce document, formellement adopté en mai dernier à Dublin par 111 pays dont la France.
La Norvège, qui a lancé il y a 18 mois le processus aboutissant à l'élaboration de ce traité, a été la première nation à signer, suivie par le Laos et le Liban, deux pays durement touchées par ce type d'armes. L'Afghanistan figure parmi les pays qui ont signé le traité.
Tirées par des pièces d'artillerie ou larguées par des avions, les BASM renferment une pléthore d'armes explosives de petite taille -des sous-munitions- qui se répandent sur une large surface. Elles tuent ou blessent de nombreux civils pendant des mois et des années après la fin d'un conflit, principalement les enfants, qui souvent les prennent pour des jouets.
"L'interdiction des bombes à fragmentation a pris trop de temps. Trop de personnes ont perdu leurs bras et leurs jambes", a déclaré le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg en ouverture de la conférence.
Washington, Moscou et les autres pays non-signataires dont Israël l'Inde et le Pakistan, estiment que les bombes à fragmentation ont une utilité militaire légitime, permettant par exemple de repousser l'avancée des troupes ennemies. "Bien que nous partageons les préoccupations humanitaires des Etats signataires, nous ne nous joindrons pas à eux", a commenté le Département américain d'Etat. "Une interdiction générale des BASM mettra en danger les vies de nos soldats, et ceux des partenaires de notre coalition", ajoute le communiqué.
Selon le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, la signature par Londres du traité montre qu'un pays de l'OTAN peut se défendre sans BASM.
D'après Handicap International, 75 pays possèdent des stocks totalisant quatre milliards de sous-munitions, les Etats-Unis possédant à eux seuls un quart du total. L'ONG a recueilli des données détaillées sur près de 14.000 victimes de ces armes, presque tous des civils, dans au moins 25 pays. Quelque 98% des victimes de bombes à fragmentation sont des civils, et 27% sont des enfants.
Les partisans du traité espèrent que son adoption par de nombreux pays poussera les non-signataires à abandonner ce type d'armes, comme cela s'est produit dans le cas des mines antipersonnel, interdites par la Convention d'Ottawa en 1997.
La campagne contre les BASM a repris de la vigueur en 2006, lorsqu'Israël a largué jusqu'à quatre millions de bombes à sous-munitions sur le Liban lors du conflit contre le Hezbollah. Le traité doit être ratifié par au moins 30 pays pour entrer en vigueur. AP